Sections
Accueil UNamur > Nouvelles > Mandat FNRS : Denis Saint-Amand décrypte la littérature sauvage
Nouvelle

Mandat FNRS : Denis Saint-Amand décrypte la littérature sauvage

Content Image

Denis Saint-Amand, chercheur qualifié FNRS au sein de la Faculté de Philosophie et Lettres

Spécialiste de la littérature française contemporaine (XIXe- XXIe s.) Denis Saint-Amand, chercheur au sein de la Faculté de Philosophie et lettres de l’UNamur, vient d’obtenir le prestigieux mandat de chercheur qualifié FNRS. Ses recherches portent sur un volet plutôt méconnu et atypique de la littérature : les productions sauvages. Entendez par là, la littérature qui se construit hors du livre à travers des objets et des canaux alternatifs, spontanés et éphémères. Exemples ? Les tags, les graffitis, les journaux « bricolés », ou encore les tracts.

« Quand on pense littérature, on pense spontanément au livre. Or, historiquement, la production littéraire dépasse toujours cet objet, en amont et en aval : correspondances d’écrivains, performances poétiques ou blogs en ligne constituent autant de laboratoires permettant de mettre de nouvelles formes et dispositifs à l’épreuve. Parmi ces réalités extra-livresques, celles qui m’intéressent peuvent être qualifiées de « sauvages », selon une expression forgée par Jacques Dubois. Il s’agit de productions qui ne participent d’aucun des réseaux habituels de production-diffusion, qui s’expriment de façon plus ou moins spontanée et se manifestent à travers des canaux de fortune », explique Denis Saint-Amand. « Ce sont par exemples les albums, c’est-à-dire les carnets qui appartiennent à certaines sociétés, ou encore les journaux bricolés, amateurs comme les journaux étudiants ou les journaux de la résistance. Ce sont aussi les écrits muraux comme les tags, les graffitis. Toutes ces productions peuvent se révéler expérimentales sur le plan formel, et véhiculent des messages, des croyances, des valeurs. Elles peuvent également être source de poésie ou encore d’humour. L’intérêt est de mesurer ce que leur étude permet d’apporter à notre connaissance du fait littéraire », poursuit le chercheur.

Privilégiant une démarche articulant les outils de l’historien, du sociologue et du poéticien, Denis Saint-Amand étudie depuis plusieurs années ce type de littérature, en travaillant plus particulièrement sur les productions collectives. Il a par exemple étudié l’Album zutique produit par un groupe informel de poètes rassemblant, entre autres, Rimbaud, Verlaine et les frères Cros. Dernièrement, il s’est aussi intéressé au discours des gilets jaunes, en se penchant sur les messages de leurs banderoles, tags, pancartes et autres écrits spontanés.

Son mandat de chercheur qualifié FNRS va lui permettre d’approfondir le travail déjà accompli. « Les objectifs majeurs de mon projet consisteront d’une part à établir un corpus de productions littéraires sauvages collectives qui seront répertoriées dans une base de données informatique ouverte, selon la politique de l’open data. Et d’autre part à analyser le corpus rassemblé sur le plan des formes et des contenus tout en favorisant le traitement collaboratif et international des données recueillies ».

Depuis 2013 à l’UNamur

Docteur en Langues et Lettres (ULiège), Denis Saint-Amand a bénéficié d’un mandat d’aspirant F.R.S.-FNRS, à l’Université de Liège, sous la direction de Jean-Pierre Bertrand, puis d’un mandat de chargé de recherches. Durant son doctorat, il a effectué des séjours de recherche à l’Université de Toronto et à l’Université de Nanterre ; par la suite, il a réalisé un séjour à la Freie Universität de Berlin (2014) et a bénéficié d’un mandat postdoctoral CRSH à l’Université de Sherbrooke (2018). Son prochain livre, Le Style potache, paraîtra à la rentrée aux éditions La Baconnière.

Depuis 2013, il a assuré à plusieurs reprises les suppléances des professeurs Caroline de Mulder et David Vrydaghs à l’UNamur, et disposait l’an dernier d’un mandat d’assistant de recherche.