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Une nouvelle lecture des résultats des élections d'octobre 2018 en Wallonie et à Bruxelles grâce à une étude coordonnée par l'UNamur

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Les premiers résultats de cette recherche ont été présentés ce vendredi 22 février à l'UNamur, en présence du Ministre président de la région wallonne, Willy Borsu et de la Ministre des pouvoirs locaux, Valérie De Bue

Une équipe de recherche interuniversitaire, coordonnée par Jérémy Dodeigne (UNamur), Caroline Close (ULB-Charleroi), Vincent Jacquet (UCL) et Geoffroy Matagne (ULiège), a analysé les dynamiques du scrutin local du 14 octobre 2018 en Wallonie et à Bruxelles. Cette recherche soutenue par le Service Public de Wallonie (SPW) a notamment permis, pour la première fois en Belgique, d’analyser la manière dont s’opère la distribution des voix de préférence au sein des bulletins de vote lors du scrutin du 14 octobre 2018. Les premiers résultats de cette recherche ont été présentés ce vendredi 22 février à l'UNamur, en présence du Ministre président de la région wallonne, Willy Borsu et de la Ministre des pouvoirs locaux, Valérie De Bue.


« Premier scrutin organisé depuis les dernières élections de mai 2014, les élections communales et provinciales constituaient un sondage « grandeur nature » pour vérifier l’état de forme électorale des partis. De ce point de vue, les résultats des élections communales confirment des mutations à l’œuvre dans les systèmes de partis wallon et bruxellois », déclare l’équipe de recherche.

Cinq tendances sont mises en avant par cette recherche interuniversitaire :

1)    Un scrutin communal de plus en plus local

En Wallonie, on observe une diminution nette du nombre de « listes nationales », et une augmentation forte du nombre de listes locales (+ 15.5 points de pourcentage, soit une augmentation de 175%). Les chercheurs constatent également une diminution du succès électoral des listes nationales (de 60% des voix en 2012 à 46% en 2018), au profit principalement des listes locales, qui passent de 10% à 24% des voix.

Par ailleurs, les listes locales sont davantage présentes dans les provinces du Luxembourg et de Namur, les listes nationales et quasi-nationales sont proportionnellement plus nombreuses dans les communes de la région bruxelloise et du Hainaut.

 

2)    Des listes citoyennes plus nombreuses mais au succès mitigé

Lorsqu’on observe la référence à la notion de citoyen, on trouvait 38 listes en Wallonie en 2012, soit un peu moins de 4 % des listes. Six ans plus tard, on en répertorie 84, soit 8 % des listes. « Le nombre est doublé, mais cependant, nous n’observons pas le foisonnement annoncé par certains médias ». Par ailleurs, 143 listes sont uniquement composées de candidats a-partisan, soit 14% des listes présentes en Wallonie.

Le succès électoral de ces listes citoyennes est, quant à lui, mitigé d’un point de vue global, avec un score moyen inférieur par rapport aux autres listes.  Sur les 143 listes composées uniquement de candidats a-partisans, 10 listes sont dans la majorité (trois l’étaient déjà en 2012) et 3 listes obtiennent un bourgmestre.

 

3)    Fin de l’effet dévolutif de la case de tête : une réforme aux effets limités

Si les effets de la réforme sont perceptibles, ils n’en restent pas moins limités : 43,2% candidats furent élus en dehors de l’ordre de la liste en 2012 (dont 73% d’hommes) et 48,7% en 2018 (dont 68% de femmes).  « Si la réforme a pour avantage de renforcer le rôle de l'électeur dans la détermination des candidats décrochant un mandat, elle est de nature à favoriser – de manière excessive – la compétition entre candidats d’une même liste. Cette course aux voix de préférence peut renforcer le phénomène de « personnalisation de la vie politique » – et ses dérives – au détriment de la logique de cohésion d’un projet politique », estiment les chercheurs.

Par ailleurs, la recherche montre qu’un électeur sur cinq (22%) exprime un vote pour la case de tête et/ou des voix de préférence pour des candidats ; mais seule une infime proportion d’électeurs ne votent qu’en case de tête (moins de 0,055%). Des variations importantes existent entre les partis. Alors que les électeurs à la gauche du système de partis optent plus fréquemment pour valider la case de tête (PTB 41,4%, PS 23,5% et Ecolo 23,6%), ils sont moins nombreux parmi les électeurs du cdH (16,0%) et du MR (18,9%).

 

4)    Une parité hommes-femmes renforcée

 

La Région wallonne a pris une série d’initiatives fortes en matière de parité hommes-femmes, à savoir le principe de la tirette pour l’ensemble des candidats de la liste et la règle d’un tiers de membres de chaque sexe au sein du collège communal. Ces mesures ont eu un effet clair et ont atteint leurs objectifs : 48,5% des candidats sont des femmes et 38% des échevins sont des femmes. « Malgré cela, une fonction communale demeure largement un bastion masculin : celle de bourgmestre. Seuls 18,6% des bourgmestres de Wallonie sont des femmes », révèlent les chercheurs. « Il y a un peu plus de femmes bourgmestres dans les communes urbaines, surtout de taille moyenne. Il y a de nettes différences entre partis, avec une proportion de femmes bourgmestres près de trois fois supérieure au MR et chez Ecolo par rapport au PS et au CDH ».

 

5)    Une majorité absolue dans 6 communes sur 10

 

Une fois les votes comptés et les sièges attribués, c’est la question clé de la composition des majorités et des coalitions éventuelles qui se pose. Quelles sont les leçons principales du scrutin d’octobre dernier ?

Dans 60% des communes analysées, une seule liste forme la majorité (163 communes). Dans 40% des cas, la majorité comporte plusieurs partenaires (109 communes). Dans 69% des communes, une seule liste parvient à gagner la majorité des sièges (188 communes).

En moyenne, à Bruxelles et en Wallonie, les majorités comportent 1.52 partenaires.  Plus la commune est urbanisée, plus le nombre de partenaires augmente. Une tendance similaire apparaît lorsque l’on considère la densité de population : le nombre de partenaires est corrélé à la densité de population.

Les listes PS sont le plus souvent le premier partenaire d’une coalition (30 occurrences). Elles sont suivies des listes locales, puis du MR (15), du cdH (7) et d’Ecolo (4). En deuxième partenaire, ce sont les listes locales (26 occurrences), suivies des listes Ecolo (22) puis MR (20) qui contribuent le plus à constituer une coalition.

 

 

Contact : Jérémy DODEIGNE - jeremy.dodeigne@unamur.be