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Une recherche pour mieux comprendre l'athérosclérose, "first killer" en Belgique

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Valérie Pireaux, qui a défendu sa thèse à l'UNamur ce 17 mai, et sa promotrice, le professeur Martine Raes (photo E. Lobet).

Quelle est la 1re cause de mortalité en Belgique ? L’athérosclérose. On en parle peu, mais c’est cette pathologie liée à l’obturation progressive des artères avec l’âge, qui est responsable des maladies cardio-vasculaires qui représentent 45 % de la mortalité totale, liée aux thromboses, embolies, infarctus du myocarde et AVC. À l’UNamur, une thèse vient d’être défendue sur l’étude des macrophages, les cellules qui pénètrent dans la paroi des artères de gros et moyen calibre, s’y accumulent en se chargeant de mauvais cholestérol, formant une lésion qui peut boucher l’artère touchée.

Différents facteurs de risque favorisent le développement des lésions athéroscléreuses : sédentarité et mauvaise alimentation, taux de cholestérol élevé, diabète, tabagisme, hypertension artérielle… Les personnes souffrant de surcharge pondérale, parmi lesquelles de plus en plus d’enfants, sont également susceptibles de voir leurs artères se boucher de manière précoce. Les recherches en cours à l’UNamur visent à mieux comprendre les mécanismes de formation des lésions associées à l’athérosclérose, en vue d’une meilleure prévention et d’un meilleur diagnostic de cette maladie.

À la base de la formation de ces lésions, on trouve les monocytes et les macrophages, qui font partie de notre système immunitaire. Les monocytes sont les cellules qui circulent dans le sang et se transforment en macrophages lorsqu’elles pénètrent dans les tissus et en particulier dans la paroi de l’artère pour y engloutir le mauvais cholestérol qui s’y accumule. Le mauvais cholestérol, appelé LDL, est particulièrement nocif lorsqu’il s’oxyde. C’est la raison pour laquelle les macrophages cherchent à l’éliminer. Mais en s’accumulant, ceux-ci finissent par provoquer un épaississement de la paroi, avec la mise en place d’une inflammation chronique. Certaines lésions peuvent se fissurer : se forme alors un caillot, qui peut complètement boucher l’artère, avec des conséquences mortelles.

Les chercheurs  ont récemment démontré que les monocytes et les macrophages se polarisaient, tantôt en cellules pro-inflammatoires M1 (qui initient la réponse inflammatoire , par exemple pour éliminer les bactéries dans un foyer infectieux), tantôt en cellules anti-inflammatoires M2 (qui viennent en seconde ligne pour résoudre l’inflammation et réparer le tissu inflammé). Dans le contexte de l’athérosclérose, la présence de macrophages M2 est associée à des lésions précoces ou à des zones stables de lésions plus avancées. Par contre, les macrophages M1 semblent plus abondants dans les lésions avancées et au niveau des zones instables, donc dangereuses. Dans la thèse qu’elle vient de terminer sous la direction de Martine Raes, la chercheuse Valérie Pireaux a étudié les effets que pourrait exercer le mauvais cholestérol, oxydé, sur le processus de polarisation, en modèles in vitro et in situ chez la souris et chez l’homme. Dans ce but, V. Pireaux a d’abord mis au point un nouveau modèle de polarisation des macrophages. Grâce à celui-ci, il sera possible de tester sur les cellules des molécules qui auraient un effet polarisant pro ou anti-inflammatoire, et influenceraient la polarisation des macrophages dans un sens favorable. En outre, la jeune chercheuse a poursuivi la caractérisation d’un nouveau modèle d’oxydation du mauvais cholestérol avec la myéloperoxydase, en collaboration avec l’équipe du co-promoteur de l’ULB, Karim Zouaoui Boudjeltia. Elle a pu ainsi étudier, dans des conditions proches de la réalité physiologique du corps, les effets de l’oxydation du mauvais cholestérol sur les macrophages. V. Pireaux a ainsi démontré que le mauvais cholestérol oxydé par l’enzyme induisait une polarisation des macrophages plutôt dans le sens M2, soit anti-inflammatoire et antioxydant. Grâce à l’étude d’échantillons de sang prélevés sur des patients dialysés, plus sujets au stress oxydatif et aux maladies cardio-vasculaires, elle a constaté que les monocytes du sang se pré-polarisaient également, avant leur transformation en macrophages.  

Une thèse qui lance de nouvelles pistes de recherche à long terme sur la question de la polarisation, et qui est aussi un espoir pour un meilleur traitement : s’il était démontré que les M2 ont un effet protecteur, des agents favorisant la polarisation dans ce sens pourraient être développés.