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Frederik De Laender fait progresser la connaissance sur la biodiversité

Depuis près de vingt ans, on sait que la biodiversité est importante pour le fonctionnement d’un écosystème. Plus il y a d’espèces, mieux le système fonctionne. Et inversement. Un groupe de recherche de l’UNamur s’est penché de nombreux mois sur l’impact de l’environnement sur le lien diversité-système. Les résultats, surprenants, viennent d’être publiés dans la prestigieuse revue Nature Communications.

« Cette recherche a débuté fin 2013, elle a été menée par une équipe de quatre personnes. Les résultats sont importants pour la recherche fondamentale et pour la gestion des écosystèmes ». Frederik De Laender est professeur en écologie à l’UNamur et chercheur au sein de l’URBE (Unité de Recherche en Biologie Environnementale et Evolutive). C’est dans cette unité qu’il a étudié l’effet du stress d’un environnement sur un système et les espèces qui le composent. Les recherches menées jusqu’à présent pour étudier l’influence positive ou négative du nombre d’espèces par rapport à un écosystème se déroulaient dans des milieux naturels et non perturbés. Dans cette étude menée conjointement par l’UNamur et l’UGent, la notion de « stress » de l’environnement a été ajoutée (la pollution, un manque de ressources, une température trop élevée). « L’effet de la diversité sur le fonctionnement d’un système dépend de l’environnement. Ce que l’on a expérimenté, c’est qu’un système pollué composé de davantage d’espèces fonctionnait mieux qu’un système pollué avec moins d’espèces », explique Frederik De Laender. Ce constat peut paraître paradoxal, mais il s’explique de la manière suivante : « Quand on se trouve dans un système pollué, le fait qu’il y ait de nombreuses espèces augmente la probabilité d’avoir une plus grande tolérance au stress ».

L’effet positif de la diversité dans un environnement pollué

L’expérience a été menée sur des populations d’algues microscopiques. Les chercheurs les ont manipulées au sein de systèmes pollués, et non pollués. Dans chaque système, le nombre d’espèces a été progressivement augmenté. Les données « diversité-pollution » ont enfin été croisées. « On a constaté qu’en absence de pollution, les systèmes propres fonctionnaient moins bien quand ils avaient beaucoup d’espèces. Et ce en raison de la dominance d’espèces qui ne produisaient pas beaucoup », décrit le chercheur. L’effet de la diversité est donc plus positif si l’environnement est pollué. Plus on a d’espèces dans un système pollué, plus on a de chances d’avoir des espèces tolérantes au stress. Du point de vue de la recherche fondamentale, ce constat va permettre d’établir les bases d’une théorie prédictive sur la dépendance de la diversité envers l’environnement. Il permettra aussi une meilleure compréhension de la valeur de la diversité. Concrètement, cette découverte peut aussi permettre de mieux gérer les écosystèmes. « On peut s’attendre à l’avenir à des systèmes de moins en moins propres. Si l’environnement devient de plus en plus stressé, la diversité des espèces pourra avoir un effet plus bénéfique sur le fonctionnement d’un système  ». Difficile toutefois d’extrapoler toutefois ces résultats à un échelon plus élevé, les recherches n’ont été menées jusqu’à présent que sur des communautés de « producteurs primaires » (algues, herbes, …). La théorie doit à présent être étendue et confrontée à de nouvelles données expérimentales.