Sections
Accueil UNamur > Nouvelles > Europe, je t’aime, moi non plus
Nouvelle

Europe, je t’aime, moi non plus

Content Image

Etienne de Callataÿ

Etienne de Callataÿ était l'invité des Grandes Conférences Namuroise ce 19 avril 2016.

L’interdépendance est aujourd’hui une réalité incontournable, qu’on l’appelle mondialisation ou globalisation. Ce fut le point de départ de l’économiste Etienne de Callataÿ, qui a invité à la voir de manière positive. Elle offre la joie de coopérer, de collaborer pour que chacun puisse tirer le meilleur de lui-même en vue du bien de tous. Tous sont alors gagnants. Ne l’oublions pas, c’est la solidarité qui a permis à l’humanité d’évoluer et d’être là où elle est aujourd’hui.

Le professeur de l’UNamur a dû mettre beaucoup de notes négatives sur le bulletin de l’Europe, de nombreux « peut mieux faire » et même des « on attendait tout autre chose ». C’est que l’Europe ne se porte pas bien, elle déçoit, elle est proche de l’échec. Et pourtant, malgré un diagnostic sévère et bien négatif, l’orateur n’a pas pu cacher un certain optimisme, même s’il est modéré. Il y a moyen d’y arriver, à pas lents de grenouille sans doute (pour ne pas reprendre l’image des escargots namurois). L’élève Europe fait d’ailleurs preuve de petites améliorations, ainsi la croissance passée de -0,9 en 2014 à des pronostics de +1,5% en 2016. Elle est certes en dessous de la moyenne mondiale, mais c’est quand même positif.

Il faut donc garder son calme et continuer. De toutes façons, revenir en arrière ferait plus de mal que de bien. Il est en effet plus facile d’entrer dans une monnaie commune que d’en sortir, même s’il peut sembler que l’Angleterre, qui n’y est jamais entrée, se porte mieux que les autres ! L’union aurait-elle fait la faiblesse ?

Dans l’exposé d’Etienne de Callataÿ, les échecs ont occupé plus de place que les réussites. Mais ce qui est sans doute plus grave, c’est le constat d’un euroscepticisme croissant, même en Belgique. N’aurions-nous pas oublié que la culture, c’est-à-dire une certaine vision de l’Europe, devait précéder l’économique et le politique. Nous avons commencé par le mauvais bout et fait l’Europe (ou essayé de la faire) sans les Européens.

Trop souvent, hélas, pour crever une bulle, l’Europe a semé les graines de la suivante. Monnet avait pronostiqué que l’Europe avancerait à coup de crises. L’histoire lui donne raison. Mais l’essentiel est qu’elle avance quand même, ainsi que le souhaitait Jacques Delors. Et Etienne de Callataÿ aussi.

Charles Delhez sj