Sections
Accueil UNamur > Nouvelles > L’intervention systémique, outil stratégique contre la souffrance au travail
Nouvelle

L’intervention systémique, outil stratégique contre la souffrance au travail

L’intervention systémique, issue du modèle de Palo Alto, permet-elle de résoudre les problèmes humains en entreprise ? C’est l’une des questions abordée dans le cadre du projet « Progress » (PRocessus de construction d’Outils pour les Groupes et Entreprises Sans Souffrance), que mène le centre de recherche Vulnérabilités et Sociétés, sous le parrainage de Virages, en collaboration avec Helmo.

Céline n’en peut plus. Son supérieur lui parle sans ménagement, lui délègue sans explications des tâches à accomplir, dénigre la qualité de son travail… En colère et surtout épuisée, elle est aujourd’hui en congé de maladie.  Un exemple de plus en plus fréquent en entreprise. Comment retrouver une ambiance de travail sereine et une qualité de relation saine quand il y a eu menaces, reproches, sentiment d’injustice, rupture de confiance ? C’est ce que l’intervention systémique propose de travailler, afin de prévenir et de gérer la souffrance au travail.

Ce modèle permet, à partir d’un décodage systémique, d’intervenir de manière stratégique. L’objectif de ce type d’intervention est de permettre à la personne de reprendre le pouvoir sur la situation plutôt que de la subir. Comment? En reformulant stratégiquement la situation et en remettant l’individu en souffrance au centre de l’action, tout en respectant sa vision du monde et ses objectifs. Agir sur le comportement du harceleur se révèle souvent inutile. Sa position étant généralement confortable, il n’a en effet aucune raison de changer de comportement. Dans le cas évoqué ci-dessus, il s’agirait d’amener Céline à agir autrement, à lui faire opérer un « virage stratégique à 180° ». Ainsi, plutôt que de réagir comme elle le fait généralement, crier fort mais se soumettre au final, elle pourrait dire à son patron : «tu devrais continuer de me mettre la pression, j’ai l’impression que ce challenge me fait évoluer». Son patron sera alors désarmé et n’aura d’autre choix que de lui obéir ou d’arrêter. En reprenant prise sur la situation, Céline quittera, de facto, son statut de victime et la souffrance qui l’accompagne.

Objectif nouvel équilibre

Pour effectuer ce déblocage stratégique, une phase de décodage systémique est nécessaire. Elle permet de comprendre la situation en tenant compte de toutes les forces en présence et de toutes les interactions, tout en respectant les objectifs du patient. De même, il est important de décoder le comportement du patient à la lumière de ses valeurs et de sa personnalité. Grâce à la nouvelle expérience émotionnelle vécue par le changement comportemental (‘virage stratégique à 180°’), le patient pourra faire évoluer sa vision du monde et élargir sa palette des (ré)actions et attitudes possibles. Trouver, en somme, un nouvel équilibre personnel et relationnel plus satisfaisant.

L’intervention systémique permet de faire évoluer les relations afin de diminuer la souffrance qu’elles peuvent générer pour certains, et de résoudre les problèmes et situations d’inconfort qui émergent au sein des systèmes humains. En d’autres termes, l’intervention systémique contribue à (ré)équilibrer les relations. Elle est couramment utilisée sur le terrain professionnel et répond, par son efficience, à ses exigences. En étant centrée sur le présent et les aspects concrets de la situation, elle permet des résultats rapides sur un problème complexe qui implique une multitude d’acteurs et de facteurs. Véritable outil pour la responsabilité sociétale des entreprises et le respect de la législation sur le bien-être au travail, cette technique d’intervention aide à apaiser l’ambiance de travail et à rendre les acteurs de l’entreprise plus performants. C’est pour cette raison qu’elle est étudiée, dans le cadre du projet « Progress », par le centre de recherche Vulnérabilités et Sociétés et le centre de formation et de recherche Virages, avec le soutien de la Région wallonne et la collaboration d’Helmo.

La recherche Progress a pour objectif d’aider les entreprises à mettre en place un nouveau type de relations interpersonnelles et d’organisation du travail. Elle entend les faire allier bien-être du personnel et objectifs commerciaux. Le contrat de 36 mois aiderait également, à long terme, à développer économiquement la Wallonie. En effet, réduire la souffrance au travail revient à réduire le coût pour la société qui lui est imputé. Il est estimé par l’OCDE à 3,4% du PIB annuel. En 2009, le Parlement européen estimait que 25% des travailleurs souffrent de troubles psychiques, tels que le stress ou les troubles du sommeil et de l’appétit, au cours de leurs vies. 

Contact : Marie de Bernard de Fauconval - 081/72.47.80 - marie.debernard@unamur.be