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Quand numérique et culture se rencontrent

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Annabelle Klien, professeur en communication et chercheuse au Centre de Recherche Information, Droit et Société.

Dans le cadre de la soirée de diplomation du certificat en patrimoine culturel immatériel (PCI), Annabelle Klein, professeur en communication et chercheuse au Centre de Recherche Information, Droit et Société posait la question de l’impact des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur les traces culturelles et personnelles de notre patrimoine humain.

De l’identité numérique à la présence numérique

Si les différentes traces que nous laissons sur la toile (nos loisirs, nos aspirations, nos idées, nos opinions) sont exploitables commercialement, ne pourraient-elles  être valorisées à titre de PCI ? En quoi les professionnels du PCI peuvent-ils contribuer à une valorisation plus éthique des données du web ? « On a plutôt tendance à envisager ces traces comme des dangers potentiels affectant la vie privée. Et cela est parfois le cas », explique Annabelle Klein. Pour lutter contre une utilisation de notre identité numérique qui nous dépasse, il faut d’abord la « recontextualiser » et développer une mémoire numérique. « Dans l’état actuel des techniques, des réseaux et des stratégies économiques sous-jacentes, on ne peut pas contrôler toutes ses traces, mais on peut développer sa présence, maîtriser ce que l’on publie, construire ses réseaux. Au fur et à mesure qu’on avance dans la vie, on développe une mémoire. Dans la vie réelle, par exemple, des propos tenus dans un journal il y a vingt ans sont atténués aujourd’hui car la distance temporelle est prise en compte. Ce qui n’est pas du tout le cas sur le Web. Chaque trace semble avoir le même poids», ajoute-t-elle.

Être plus présent, c’est se protéger

C’est finalement en développant sa présence, en l’étoffant de manière à ce qu’une trace isolée ne soit pas exploitable, que l’on se protège, tel que le préconisent les spécialistes de la « réparation » des traces. Développer des traces cohérentes par une présence riche est le meilleur moyen de se protéger.

S’inspirer des nouvelles technologies

A l’inverse, les TIC et les potentialités de classement, d’archivage, d’exposition qu’elles offrent pourraient servir d’outils aux professionnels du PCI. Évidemment, dans cet environnement numérique, la collecte et la mise en mémoire des données ne reposent plus uniquement sur les compétences professionnelles des archivistes. « De nouveaux acteurs s’invitent dans les flux d’information via les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et applications diverses », souligne l’oratrice. Chacun peut consulter et alimenter les stocks d’information.

Entre droit à l’oubli, temporalité et mémoire numérique

Ces professionnels de l’archivage pourraient contrebalancer le modèle économique en gérant de manière plus éthique la contradiction apparente entre l’archivage électronique et la protection des données personnelles. Ces dernières doivent bénéficier d’un droit à l’oubli numérique. Si les traces sont inscrites et peuvent être retrouvées, elles ne devraient pas pour autant être exploitées sans être contextualisées et réinscrites temporellement.

L’archivage institutionnel du Web permettrait de gérer la traçabilité, de créer une mémoire numérique et de produire de nouveaux usages.

Contact : Annabelle Klein - annabelle.klein@unamur.be