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Mobilité des chercheurs : prestige ou proximité ?

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Source: http://www.nature.com/srep/2014/140507/srep04860/fig_tab/srep04860_F1.html

Timoteo Carletti et Floriana Gargiulo, professeur et post-doctorante au Centre de recherche naXys (Namur Center for complex systems), ont étudié la mobilité des chercheurs de 1955 à 2010. Il en ressort que, pour la plupart, les raisons de leur choix ne dépend pas du prestige des institutions mais de la proximité avec leur affiliation d’origine et de la proximité historique et linguistique avec celle-ci. Une recherche publiée dans « Scientific Reports ».

A partir de la base de données des publications de l’APS (American Physical Society) pour la période de 1955 à 2010, les chercheurs namurois ont reconstruit le parcours académique de 71 000 chercheurs au sein de 2434 universités, réparties dans 174 pays. Ils ont analysé ces différents parcours à travers différentes dimensions : la distance entre deux localisations consécutives au sein d’un même parcours, l’importance des institutions en termes de nombre de publications et enfin les éléments socio-culturels. Et à differents niveaux : les états et les universités.

Cette étude montre principalement deux choses. Très souvent les chercheurs choisissent un pays proche du pays de leur première affiliation, surtout ceux issus de petits pays. Ils s’expatrient également dans des pays dont la langue nationale est le même que celle de leur première affiliation ou dans des pays qui ont un passé commun (comme les colonies).

L’étude montre aussi qu’en moyenne après 6 ans, les chercheurs se stabilisent dans une institution ou mettent fin à leur carrière académique. La mobilité des chercheurs est donc surtout importante ces 6 premières années. Cela dit, l’étude constate que si dans les années 60 / 70 les chercheurs avaient une carrière stable assez rapidement, c’est moins le cas aujourd’hui.

La plupart des chercheurs font un aller-retour, c’est-à-dire qu’ils font leur doctorat dans une institution, puis un post dans une autre, avant de revenir là où ils ont fait leur doctorat. Pour ceux qui font d’autres étapes, on constate qu’ils s’éloignent puis tentent toujours de se rapprocher de leur affiliation d’origine. 

L’étude révèle également que la taille de la première université est déterminante. Exemple : si on vient d’une petite université (la taille est envisagée ici en nombre de publications), la probabilité de faire beaucoup de kilomètres pour aller dans une grande université est très faible. En revanche, les chercheurs issus d’une grande université sont prêts à faire plus de kilomètres pour aller dans une grande université. Et cela vaut pour chaque étape du parcours.

L’Europe moins attractive

Les chercheurs ont également étudié les flux nets des chercheurs dans les pays européens, c’est-à-dire la différence entre le nombre de chercheurs qui entrent et sortent du pays. Dans toute la période considérée, ce flux net est négatif en Italie et, depuis la fin des années 80, en Allemagne. Alors qu’en France, en Espagne et en Angleterre, il est positif. Une situation qui peut souvent s’expliquer par les politiques favorables ou moins favorables mises en place dans les pays.

Les chiffres révèlent également que l’Europe est de moins en moins attractive pour les chercheurs originaires des USA. En Italie dans les années 80, 30% des chercheurs suivaient un  parcours USA – Italie – USA, alors qu’ils sont seulement 8% en 2010. L’Allemagne, la France et l’Angleterre suivent la même tendance à la baisse. En revanche, les chiffres montrent que ces dernières années, certains pays européens, notamment Allemagne et Angleterre, accueillent davantage de chercheurs issus de pays asiatiques comme la Chine ou l’Inde.

Contact : Timoteo Carletti - 081 72 49 03 - timoteo.carletti@unamur.be
Plus d'info : http://www.nature.com/srep/2014/140507/srep04860/full/srep04860.html