Le statut des femmes musulmanes immigrées en Europe: une analyse économique
Catherine Guirkinger et Jean-Philippe Platteau ont obtenu un financement du FNRS pour réaliser une analyse économique du statut des femmes musulmanes immigrées en Europe. Un projet d’une durée de 4 ans associera un chercheur non-doctorant et sera mené en collaboration avec l’Université d’Istanbul.
L’un des objectifs de ce projet est de mieux comprendre le manque d’intégration des femmes musulmanes immigrées. Grâce à des enquêtes qualitatives, les chercheurs ont même constaté une régression paradoxale de leur statut : ces femmes ont souvent moins de liberté en Belgique que dans leur pays d’origine du fait d’un resserrement de l’autorité patriarcale. Ceci génère plusieurs types de problèmes. D’abord une telle régression implique une diminution de leur bien-être. Ensuite, ces femmes ne peuvent saisir les opportunités de formation ou de travail de la société hôte, ce qui donne lieu à des pertes d’efficience. En outre, une mobilité intergénérationnelle restreinte, renforcée par la régression du statut des femmes empêche leurs enfants de bénéficier de manière optimale de l’environnement économique dans lequel ils évoluent. Trois questions sont au centre de cette recherche. Premièrement, comment peut-on expliquer l’émergence des contraintes plus sévères auxquelles sont confrontées les femmes dans leur accès à l’éducation et aux opportunités de revenu, alors que l’environnement socio-économique leur est plus favorable que dans leur pays d’origine ? Deuxièmement, quel est le rôle joué par la famille d’origine dans ce contexte? Cette question est particulièrement pertinente dans le cas des femmes Turques immigrées puisque le mode dominant d’entrée en Belgique passe par un mariage, souvent arrangé par la famille. Enfin, comment les femmes dans leur qualité de mère influencent-elles les trajectoires professionnelles de leurs enfants, à la fois garçons et filles? Pour répondre à la première question, un modèle théorique sera développé. Les deux autres questions seront abordées sur la base d’une analyse empirique faisant appel à des données d’enquête auprès d’un échantillon de femmes musulmanes de la région d’Emirdag dans deux endroits : leur région d’origine et la Belgique.
Les promoteurs du projet ont largement concentré leur recherche de ces dernières années sur le thème de l’économie de la famille. Leur expérience concerne en particulier l’étude de la transformation des structures familiales dans les pays musulmans d’Afrique de l’Ouest (Mali, Sénégal, Burkina Faso). Leur approche combine la théorie et l’analyse empirique sur la base de données d’enquêtes qu’ils ont réalisé dans les pays concernés.
Contact :
GUIRKINGER Catherine
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+32(0)81/72.48.70
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catherine.guirkinger@unamur.be