Quel accueil de la vulnérabilité dans notre société?

Comment accueillir la vulnérabilité aujourd'hui sans entrer dans un processus de victimisation, de stigmatisation et finalement de mise à l'écart des personnes qui en pâtissent? C'est à cette question que le Département de philosophie de l'UNamur et celui d'éthique de l’Université catholique de Lille ont proposé de réfléchir lors de deux journées d'étude cette semaine.

Organisé en collaboration avec le Centre Droit Fondamentaux et Lien Social (Df&Ls) de l'UNamur et le Centre Notre-Dame de la Paix, ce colloque a abordé les enjeux éthiques et politiques soulevés par la vulnérabilité humaine, à la fois via des approches pratiques et des questions philosophiques.

"Nos sociétés contemporaines sont devenues beaucoup plus sensibles que jadis aux soins et à l'accompagnement des personnes vulnérables. Des politiques sociales d'aide à l'autonomisation des ces personnes sont mises en place. De nouveaux courants de pensée, comme les théories du care réinterrogent les présupposés de nos théories de la justice ou de la morale, suggérant de nouveaux modes de vie et d'organisation sociale" explique Laura Rizzerio, professeure au Département de philosophie à l'initiative de cette rencontre scientifique.

"Sommes-nous devenus plus conscients du fait que la vulnérabilité n'est pas une situation «extraordinaire» qui frappe certains individus, mais qu'elle est une condition normale de l'existence humaine? Il persiste cependant encore un certain déni de cette vulnérabilité, par la stigmatisation de la souffrance par exemple, vécue comme un obstacle à la réalisation d'une vie digne, ou aussi par la mise en place de processus d'exclusion et d'«invisibilisation» des personnes fragilisées par leur condition de vie (porteurs de handicap, chômeurs, SDF, immigrés). Il s'agissait de comprendre pourquoi cette sollicitude envers la vulnérabilité coexiste avec la «peur» de l'accepter et de l'intégrer dans nos vies quotidiennes, et comment, dès lors, accueillir la vulnérabilité".