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Namur décrypte le virus de Schmallenberg… et met en garde

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Les professeurs Muylkens, Beer et Kirschvink.

Les études du Département de médecine vétérinaire de l’UNamur concernant le virus de Schmallenberg concluent que ce virus apparu en 2011 et qui, en moins de deux ans, a touché plus de 13 846 troupeaux de ruminants (bovins, moutons et chèvres) dans 22 pays européens, va réapparaître sous de nouvelles formes, et donc y compris dans des endroits où il a déjà frappé.

Ce 23 mai, les chercheurs ont partagé ces résultats avec le premier scientifique à avoir identifié ce virus, le professeur Martin Beer, de l’Institut Friedrich Loeffler (Allemagne), également membre du comité de thèse de François Claine, assistant au Département de médecine vétérinaire namurois dont les recherches doctorales sont consacrées à ce nouveau virus. Pour le professeur Beer, le centre de recherches ovines de l’Université de Namur constitue un outil unique pour caractériser la dissémination et le maintien du virus de Schmallenberg dans la population animale, deux éléments encore non élucidés à ce jour.

Risques de réapparition de la maladie

L’équipe du professeur Nathalie Kirschvink, directrice du département de médecine vétérinaire de l’UNamur a étudié l’impact zootechnique et économique du virus sur le troupeau du Centre de Recherches Ovines de l’Université, et notamment le risque de réapparition de la maladie.

Ces analyses in vivo, dans des conditions naturelles, ont montré que le virus a infecté une première fois le troupeau en octobre 2011 pour réapparaître entre juillet et octobre 2012. Cela prouve, que, contrairement à ce que l’on pensait initialement, le virus peut réapparaître dans une zone où il a déjà frappé et que la réponse immunitaire des animaux atteints précédemment n’est pas suffisante pour empêcher une nouvelle circulation. L’étude montre également qu’une fois atteint, l’animal est porteur du virus entre 10 et 15 jours, ce qui est plus long que ce qui est observé dans les conditions expérimentales.

Mutation du virus

Une seconde étude a dès lors été menée, sous la direction du professeur Benoît Muylkens, sur la caractérisation génétique du virus. Il a été isolé sur deux agneaux gravement atteints pour en faire le séquençage complet et en étudier, in vitro, les caractéristiques. Verdict : il présente de très nombreuses mutations par rapport au virus initial. « Ces mutations ne sont pas aléatoirement distribuées puisque 50% d’entre elles sont concentrées dans seulement 10% de la séquence totale du génome. Ces 10% se situent au niveau des glycoprotéines de surface qui ont une double fonction: servir à la fois de module pour que le virus s’attache à la cellule, et de cible pour la réponse immunitaire de l’animal » explique Benoît Muylkens.

Les chercheurs namurois ont dès lors émis l’hypothèse, désormais partiellement démontrée, que la concentration des mutations au niveau des glycoprotéines de surface permet au virus d’étendre son éventail d’interaction avec différents types cellulaires. Ils supposent également que les mutations se concentrent sur les glycoprotéines de surface parce qu’elles lui permettent de modifier l’aspect extérieur du virus, empêchant ainsi le système immunitaire de le combattre. Ce contournement du système immunitaire de l’animal augmente la difficulté de mettre au point un vaccin…

Les vétérinaires de l’UNamur vont poursuivre leurs recherches concernant ce virus afin d'en définir le mode précis de dissémination, identifier les mécanismes qui lui permettent de se maintenir dans un troupeau déjà infecté, et étudier les conséquences de la variabilité génétique sur l’évolution du virus à court et moyen terme.

Les résultats des travaux du professeur. Muylkens sont parus dans Journal of General Virology et ceux de l’étude du professeur Kirschvink le seront dans la revue Emerging Infectious Diseases.