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Une rentrée sous le signe de l'UNIVERSITÉ

Être pleinement une université et en porter officiellement le nom, tel est le souhait émis par le recteur, au nom de son institution, lors de la séance d'ouverture de l'année académique 2012-2013 tenue ce 17 septembre à Namur.

"Nous affirmons haut et clair que nous sommes une Université et nous en demandons, humblement, la reconnaissance au pouvoir politique, mais aussi, au-delà, aux citoyens de la fédération Wallonie Bruxelles" introduisait le recteur Yves Poullet lors de la séance académique d'ouverture de ce 17 septembre 2012, suite à la décision de l'Assemblée générale de notre institution d'adopter le nom d'Université de Namur (voir à ce propos le discours du président de l'Assemblée générale).

Cette université se veut plus que jamais au service de la société: "Nous devons être -et je le dis solennellement- plus en prise, dans nos tâches et contenus d’enseignement et de recherche, avec les besoins de notre société, qu’il s’agisse de notre ville, de nos régions namuroise et wallonne, de nos entreprises, de nos populations". Une attention locale qui sous-entend l'internationalisation plutôt qu'elle ne l'exclut: "L’« Univers-Cité », celle qui s’ancre profondément dans la réalité de son implantation locale et qui fait sienne sa culture et ses questionnements, est la seule chance d’une réelle appréhension des problèmes universels rencontrés dans notre monde". L'institution grave donc cette volonté de localisation dans son nom: Université de Namur.  

Du PUNCH en perspective!

Yves Poullet a également rappelé que l'institution namuroise remplit pleinement ses trois missions universitaires: l'enseignement, la recherche et le service à la société. Et cela à la fois dans le "souci de les voir dans leur globalité plutôt que séparément" et dans le respect de l'esprit universitaire, basé sur la réflexion, la critique et l'indépendance. L'une de ces missions a cependant davantage retenu l'attention du recteur namurois en ce jour de rentrée: l'enseignement. "L'éducation est notre priorité, notre rôle social. La capacité d’innovation d’une société et d’une Nation dépend de la qualité de son élite et de ses dirigeants, par conséquent de la formation que ceux-ci ont reçue à l'université" a-t-il insisté.

Or, en ce XXIe siècle, les enseignants se doivent de s'interroger sur l'adéquation de leurs méthodes avec la génération Y, née avec le Web...: "Notre premier devoir d’enseignant est  de prendre connaissance de ce qui caractérise cette génération dite Y et de lui offrir une méthode d’apprentissage qui ne renie pas sa démarche habituelle de connaissance mais qui la prolonge pour en faire une véritable démarche critique universitaire. Ceci exige que nous redéfinissions notre rôle. Sans doute nous faudra-t-il de l’audace et de l’humilité pour descendre de notre chaire de vérité et abandonner un enseignement linéaire bien maitrisé ? Sans doute, nous faudra-t-il créer un dialogue et parier sur la vertu de la discussion collective à la recherche de la Vérité, de la disputatio, chère à Saint-Ignace, université de tradition jésuite oblige?" Mais pour le recteur, cette innovation pédagogique doit également s'accompagner d'une ouverture à des matières originales favorisant la construction du savoir-être personnel et social de l'étudiant. À cet égard, des cours sur la citoyenneté, l'éthique, la gestion des ressources humaines, les compétences de communication en entreprise, ou toute autre matière transversale sont les bienvenus.

Lire l'entièreté du discours rectoral

Leçon inaugurale : la Belgique malade de ses médicaments ?

La leçon d'ouverture de la rentrée académique, sur le thème des médicaments, a été tenue par Bruno Flamion, professeur de physiologie et de pharmacologie à la Faculté de médecine et expert auprès de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA), de l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de la Santé (AFMPS), et de l’INAMI.

« Selon une récente étude du World Economic Forum* , notre système de santé est le meilleur au monde après celui de la Finlande. Il contribue ainsi à faire de la Belgique le 17e pays le plus compétitif. Cependant, cela n’exclut pas quelques problèmes. On voit notamment apparaître des indices d’un usage inadéquat des médicaments dans notre pays qui risque de s’aggraver en l’absence de mesures » a-t-il expliqué. Cet usage inadapté peut être repéré à travers trois paramètres.

La « boulimie » du médicament, tout d’abord : par exemple, une enquête de l’Institut Scientifique de Santé Publique (2010) montre que près d’un quart des femmes wallonnes avait consommé un psychotrope (somnifère, anxiolytique ou antidépresseur) dans les 15 jours précédant l’enquête !  Parmi les différentes causes expliquant cet excès, le professeur namurois pointe l’accès très facile aux prescriptions et aux médicaments, contrairement aux autres soins (psychothérapie, structures d’accueil,…) qui restent fragmentés ou mal développés.

Les effets indésirables graves des médicaments ensuite. Ainsi, 5 à 10% des admissions à l’hôpital sont dues à des effets indésirables de médicaments, et dans les hôpitaux, ces effets sont la 5e cause de décès. « Pour réduire ces risques, la démarche la plus importante est de renforcer la pharmacovigilance. C’est ce que l’Europe vient de faire avec sa nouvelle commission, et ’Université namuroise contribue à ce progrès, grâce à ses recherches en la matière et à l’implication de ses scientifiques (cf. nomination du professeur Dogné à la PRAC).

Enfin, le coût des médicaments est une problématique qu’il faut prendre à bras le corps, sous peine de voir le système s’écrouler. En effet, est-ce normal que la principale dépense en médicaments de l’INAMI concerne les hypolipidémiants (250 millions d’euros  par an), alors que d’autres actions (ex. l’activité physique) peuvent aider le patient à faire baisser son taux de mauvais cholestérol? Est-ce normal que, plus une maladie est rare, plus le médicament qui la combat soit cher (alors que la mise au point et la production de tels médicaments ne justifient pas un tel prix)? Est-ce normal que les avis des citoyens et des pharma-économistes, entre autres, ne soient pas représentés au sein d’une commission de remboursement des médicaments ?

« La Belgique n’est pas encore malade de ses médicaments mais des mesures préventives doivent être prises d’urgence en vue d’un meilleur usage de ces produits. Ceci exige d’impliquer plus largement dans la réflexion, non seulement les organismes payeurs, mais aussi les pharmacologues, les économistes, les patients et les citoyens » conclut le professeur Flamion, qui a présidé durant 2 ans la Commission de remboursement des médicaments de l’INAMI.

*The Global Competitiveness Report 2012–2013, voir http://forumblog.org/2012/09/the-global-competitiveness-report/