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Technologies émergentes: quelle place pour la vie privée?

Plusieurs membres du CRIDS sont partenaires du projet européen PRACTIS, dont l'objectif est d'évaluer l'impact des technologies émergentes sur le droit à la vie privée, aussi bien pour les aspects légaux que sociétaux, philosophiques ou éthiques. Les scientifiques actifs au sein de cette recherche pluridisciplinaire se sont réunis à l'Université de Namur les 23 et 24 janvier dernier, et ont proposé d'élargir le débat en invitant des experts de la vie privée belges, français et canadiens.

"Nous essayons de comprendre en quoi les technologies de l'information et de la communication sont susceptibles d'affecter notre droit, fondamental, à la vie privée" explique Caroline Colin, responsable de l'Unité "Propriété intellectuelle" du CRIDS et membre du projet PRACTIS. "Les technologies ne cessent d'évoluer et si elles permettent toujours plus de choses, elles en demandent aussi souvent beaucoup... Mais aussi, les utilisateurs acceptent de plus en plus facilement de donner des informations personnelles, souvent sans se rendre compte de l'impact. Il y a une espèce de marchandisation des données, y compris à caractère personnel, et cela affecte bien entendu notre droit à la vie privée. Cette notion devient même floue pour les "digital natives", qui ne voient aucun mal à étaler leur vie privée, jusqu'au moment où il y a un problème et qu'ils se rendent compte qu'ils ne sont plus propriétaire de leurs contenus... Le "droit à l'oubli" n'existe plus avec certaines technologies". Clairement, le défi est donc plus que légal. Une réflexion sociétale et éthique a également sa place, d'où la participation de chercheurs de tous horizons (historiens, sociologues, philosophes,...). Pour Namur,  sont également impliqués dans ce projet: Nathalie Grandjean, Claire Lobet-Maris et Antoinette Rouvroy.

Parmi les recommandations que le projet PRACTIS devra suggérer à la Commission européenne pourrait donc se trouver, par exemple, une invitation à éduquer les jeunes à la vie privée, et certainement, des indications pour que les technologies à venir intègrent, dès leur conception, des éléments protecteurs de la vie privée des citoyens.

Au croisement du droit, de la sociologie, de la philosophie et de l'histoire

Tous les partenaires de ce projet européen se sont réunis le 23 janvier dernier à l'Université de Namur afin de mettre en commun tous les résultats de leurs recherches. Ils ont également enrichi leurs réflexions en invitant, d'une part, quatre experts externes (Bureau Européen des Unions de Consommateurs - BEUC; Commission nationale de l’informatique et des liberté - CNIL, France; Commission de la protection de la vie privée, Belgique; Direction générale « Société de l'information et média » de la Commission européenne), et d'autre part, cinq scientifiques extérieurs à leur recherches.

Marie-Sophie Devresse (UCL et présidente du comité 'nouvelles technologies' de la Ligue des droits de l'Homme), Claire Gayrel et Cécile de Terwagne (juristes, CRIDS), Dirk Luyten (historien, CEGES- Centre d'Études et de documentation Guerre et Sociétés) et David Lyon (juriste et sociologue, Queen's University, Canada) ont complété le visage de la « vie privée » tel qu'il se profile actuellement, en apportant l’angle de vue particulier à leur discipline.

Le projet PRACTIS (Privacy - Appraising Challenges to Technologies and Ethics) est financé dans le cadre du 7e programme-cadre de la Commission européenne, et coordonné par l'Université de Tel Aviv (Israël). Il se terminera en mars 2013.

Plus d'info : http://www.practis.org