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En finir avec l'enseignement des langues?

Faut-il en finir avec l'enseignement des langues? Oui, en tout cas tel qu'il existe! Voici l'affirmation sans compromis qui ouvre le livre écrit par Eloy Romero-Munoz, assistant au Département des langues et littératures germaniques. À découvrir aux Presses universitaires de Namur.

Dans cet ouvrage issu d’une partie de ses recherches doctorales consacrées à la didactique des langues modernes, Eloy Romero-Munoz livre une réflexion sans compromis de l’enseignement des langues en Belgique francophone, mais aussi, propose des pistes de solution pour améliorer la situation.

Premier obstacle à l’apprentissage des langues selon le chercheur namurois ? Les stéréotypes (l’anglais est la langue la plus utile ; le néerlandais est plus difficile que l’anglais ; les professeurs de langue sont souvent en vacances, etc.). Il explique que « ces clichés sont nuisibles parce que, notamment, ils empêchent de faire le bon choix de la langue principale à apprendre en humanités. Ils favorisent un système d’apprentissage binaire (liste de vocabulaire, règles de grammaire) contreproductif. Les recherches en didactique montrent en effet que cette méthode n’est pas très efficace ».

Le chercheur propose dès lors des pistes de solutions : « Pour enseigner le néerlandais par exemple, il faut d’abord essayer de rendre la langue plus sexy : arrêter de dire que c’est une langue obligatoire en Belgique, qu’elle impose le rejet du verbe en fin de phrase, etc. Le néerlandais, c’est tout simplement une langue vivante comme une autre, qui permet à des gens de communiquer, d’écrire de la poésie, de réaliser des films. C’est une langue qui évolue, qui a ses dialectes, ses accents ». Et d’insister sur le fait que cette sensibilisation doit également viser les parents d’élèves et parfois même les enseignants…

Pour un enseignement différencié

Il prône également un enseignement différencié, qui tienne compte des profils et des niveaux de connaissance des élèves, afin de pouvoir fixer des objectifs d’apprentissage pour chacun d’eux, le professeur devant être « un coach plus qu’un dépositaire du savoir ». Il explique qu'« il faut moins, mais mieux donner cours, car le nombre d'heures passées en classe n'est pas nécessairement synonyme de qualité. Il faudrait plutôt établir un programme personnalisé avec l'élève en fonction d'objectifs minimaux préétablis pour l'ensemble de la classe. L'enseignant suivrait ensuite les progrès de chacun et réunirait les élèves en plus ou moins grands groupes au gré des besoins. L'évaluation serait elle, aussi plus variée, et fonction des choix méthodologiques posés par l'étudiant. Il y a en effet une infinité de façons de vérifier les acquis et bien souvent une simple discussion enseignant - élève permet de constater les progrès effectués. La pédagogie différenciée fonctionne parce que les élèves ont tous des profils différents, en raison de leur cadre socioculturel, de leurs capacités intellectuelles ou d’apprentissage. Cela semble être une évidence et pourtant, dire que nous ne sommes pas tous égaux est mal vu… ».

Plus généralement, Eloy Romero-Munoz invite à sortir du schéma d’une « école-garderie », où les objectifs sont davantage de « surveiller et punir » que d’apprendre. « Il ne s’agit pas de prôner le laxisme, mais simplement de penser à un modèle d’enseignement plus flexible » confie le chercheur. 

Livre disponible aux Presses universitaires de Namur et en librairie, pour la modique somme de 5€, l'auteur souhaitant sensibiliser un maximum de personnes à la problématique...

 

Plus d'info : http://www.ensaignement.be/